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Il y a encore quelques décennies, personne ne pariait sur ce coin de désert écrasé par le soleil, au bord du Golfe Persique. Dans les années 1950, Dubaï comptait moins de 20 000 habitants, vivaient de la pêche à la perle et n’avait ni routes modernes, ni immeubles, ni plan d’urbanisme. L’eau courante était un luxe, et l’économie locale était modeste, presque artisanale. En 1970, ils n’étaient que 70 000 à vivre ici. Aujourd’hui ? Plus de 3,5 millions.
Ce que peu de gens savent, c’est que tout a vraiment basculé dans les années 70. À la tête de l’émirat, ce n’est pas un président, mais un homme aux allures de stratège : Sheikh Rashid bin Saeed Al Maktoum, bientôt suivi par son fils Mohammed bin Rashid, qui prend les rênes du projet le plus ambitieux de la région. Leur idée ? Transformer le désert en capitale mondiale. Et vite.
Ils ne veulent pas dépendre du pétrole. Alors ils se lancent dans la construction d’une ville qui ferait rêver le monde entier : tourisme, commerce, services, luxe. Et pour ça, il faut frapper fort. Le port de Jebel Ali voit le jour, puis l’aéroport, puis les routes, puis les tours. À un rythme hallucinant.
Dans les années 2000, une décision déclenche tout : autoriser les étrangers à devenir propriétaires de biens immobiliers. Résultat ? En quelques mois, les grues envahissent le ciel. Dubaï devient un chantier géant. En moins de six ans, le Burj Khalifa s’élève à 828 mètres. En moins de dix ans, Palm Jumeirah, l’île artificielle en forme de palmier, est habitée. En deux décennies, le visage de la ville change plus vite que n’importe où ailleurs sur la planète.
Côté prix ? Au début des années 2000, un appartement dans une tour en construction se négociait autour de 1 500 €/m². Aujourd’hui, il faut compter en moyenne 5 000 €/m², avec des sommets à 9 000 € dans les quartiers ultra-luxueux.
Et pourtant, la ville continue de pousser, de construire, de défier le temps. Il ne s’écoule pas un mois sans l’annonce d’un nouveau projet pharaonique : quartiers futuristes, musées flottants, tours tournantes, quartiers verts, ou même… des quartiers climatisés en plein désert.
Dubaï ne s’est pas contentée de se développer. Elle a changé d’échelle. Elle a construit en une génération ce que d’autres mettent un siècle à faire. Un modèle unique, clivant, fascinant. Un accélérateur urbain qu’on ne peut ignorer.